Thème : Une approche innovante centrée sur les survivant.es : vers la réparation des survivants de violences sexuelles liées aux conflits en République Centrafricaine
Bangui, 19 octobre 2022
– Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
– Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs ;
– Madame la Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations-Unies, Coordonnatrice Résidente, Coordonnatrice Humanitaire ;
– Mesdames et Messieurs les Représentants des Organismes Internationaux ;
– Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations nationales ;
– Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
Je suis particulièrement heureux de présider la cérémonie de lancement officiel des activités du Comité stratégique de lutte contre les violences sexuelles basées sur le genre liées aux conflits, organisée avec l’appui technique de la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation.
En acceptant de présider personnellement cette cérémonie, j’ai voulu lancer un message fort, du plus haut sommet de l’Etat, aux auteurs, coauteurs et complices des violences sexuelles basées sur le genre liées aux conflits.
Ce message, je le répète, c’est l’impunité zéro pour les auteurs, coauteurs et complices des violences sexuelles basées sur le genre liées aux conflits.
Aux victimes des violences sexuelles basées sur le genre liées aux conflits, souvent contraintes au silence par leurs bourreaux, je voudrais leur dire que l’espoir est permis.
Par la mise en place de du Comité Stratégique, j’ai voulu exprimer mon ferme engagement à ne laisser aucun répit aux bourreaux des victimes des violences sexuelles basées sur le genre liées aux conflits.
Je tiens à ce que la justice leur soit rendue et cette justice ne doit pas s’arrêter à la condamnation des auteurs de ces crimes odieux, mais aussi et surtout à la réparation des victimes.
Mesdames et Messieurs ;
Le thème retenu, dois-je le rappeler, porte sur «Une approche innovante centrée sur les survivants: vers la réparation des survivants de violences sexuelles liées aux conflits en République Centrafricaine », nous interpelle tous.
Cette approche innovante, vous le savez, est financée par le Fonds Mondial pour les survivants, lancé en octobre 2019 par le Dr Denis Mukwege et Nadia Murad, lauréats du Prix Nobel de la Paix.
Le sujet sur la réparation centrée sur les survivants et survivantes des violences sexuelles en période de conflits est une question qui concerne l’ensemble des Centrafricains.
Les violences sexuelles en période de conflits, vous le savez certainement, désigne tous les actes de violence fondés sur le genre qui entraînent, ou sont susceptibles d’entraîner pour les femmes, des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique, que ce soit dans la vie publique ou privée.
Pour une survivante, être violée est synonyme de plusieurs mots, c’est être mort dans sa propre chair, son âme, le cœur brisé et irréparable.
Il existe aujourd’hui quelque chose qui pourrait adoucir cette douleur : les soins holistiques et les réparations.
Les réparations sont un signe de reconnaissance et de soutien. C’est la façon la plus humaine de compassion, d’envisager et de changer l’avenir de milliers de personnes.
A cet effet, l’autonomisation des victimes est la meilleure garantie que de nombreuses femmes se sentiront habilitées à dénoncer et à continuer à lutter pour leur droit à la justice.
Les survivants feront désormais partie intégrante du processus et joueront un rôle significatif dans tous les aspects de la paix et de la réconciliation, car les réparations sont ce que les survivants veulent le plus.
L’égalité entre les femmes et les hommes est une valeur universelle au cœur de tous les grands textes internationaux, y compris de la Convention des Nations-Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
Il est évident que, si les droits de la femme sont les mêmes partout, leur exercice et leur respect restent en bonne partie déterminés par le contexte social, culturel, politique et économique.
Il y a cependant des problèmes qui transcendent tous les contextes et qui font des victimes dans tous les pays, dans toutes les couches sociales et dans toutes les cultures. La violence vis-à-vis des femmes en est l’exemple le plus terrible.
Dans notre société, de nombreuses femmes éprouvent trop de crainte ou de honte pour demander de l’aide et payent souvent leur silence de leur vie.
Celles qui parlent ne sont pas toujours entendues ou comprises.
La violence domestique est elle aussi bien trop répandue. Elle touche les femmes de façon disproportionnée, mais elle fait aussi d’autres victimes : les enfants, les personnes âgées, voire les hommes.
Les souffrances causées par toutes ces formes de violence sont immenses. La plupart des victimes garderont des cicatrices physiques et psychologiques pour le reste de leurs jours; d’autres continueront à vivre dans la peur et l’oppression.
– Distingués invités ;
– Mesdames et Messieurs ;
Mettre un terme à cette violence est l’une de mes priorités, une obligation pour le Gouvernement, garant des droits de tous les citoyens.
C’est pourquoi, au cours de ces dernières années, nous avons pris de nombreuses mesures importantes pour assurer:
– la prévention des violences sexuelles basées sur le genre liées au conflit ;
– la protection des victimes et,
– la poursuite des auteurs de ces violences.
La méthode innovante des réparations est basée sur les 4 P, à savoir: Prévention, Protection, Poursuite et Politiques intégrées.
La première méthode qui est la Prévention consiste à :
– prendre des mesures pour aider à changer les comportements, les rôles assignés aux hommes et aux femmes ainsi que les stéréotypes qui font accepter la violence à l’égard des femmes ;
– Former les professionnels en contact avec les victimes ;
– Sensibiliser aux différentes formes de violence et à leurs effets traumatisants ;
– Coopérer avec les organisations non gouvernementales, les médias et le secteur privé pour toucher un large public.
En deuxième lieu, nous avons la Protection qui est l’ensemble des mesures qui placent les besoins et la sécurité des victimes au centre du dispositif de lutte.
On prévoit notamment :
– la création de services de soutien spécialisés pour apporter une assistance médicale, mais aussi un accompagnement psychologique et juridique aux victimes et à leurs enfants ;
– la création d’un nombre suffisant de centres d’hébergement ainsi qu’un numéro d’aide d’urgence gratuit et disponible 24h/24, 7 jours sur 7.
Le troisième P désigne la poursuite de toutes les formes de violence: les violences physiques et psychologiques, les violences sexuelles (y compris le viol), le harcèlement, les mutilations génitales féminines, le mariage forcé, l’avortement forcé et la stérilisation forcée.
Enfin, le quatrième P désigne les Politiques nationales incluant toutes les mesures pertinentes pour prévenir et combattre toutes les formes de violence afin d’offrir une réponse globale à la violence à l’égard des femmes.
Mesdames, Messieurs,
Je saisis cette occasion pour rappeler ma détermination ainsi que celle du Gouvernement à soutenir les survivants et survivantes dans leur combat quotidien, car je crois qu’ils portent l’espoir d’une société plus juste, plus solidaire et plus à même de faire face aux nombreux défis à venir.
Il est donc nécessaire, même urgent, de mettre en place un système d’alerte précoce.
C’est pourquoi, j’instruis le Ministre chargé de la Santé de lancer, dans les plus prochaines semaines, une plateforme de signalement des violences sexuelles qui sera disponible en ligne 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Cette plateforme permettra aux victimes d’entrer en relation avec des professionnels spécialement formés, pour connaître les démarches à suivre et, le cas échéant, bénéficier d’un rendez-vous dans un Commissariat de Police ou une Brigade de Gendarmerie.
Il y a ensuite la prise en charge physique des survivantes ou survivants victimes dans nos unités de police judiciaire, notamment par les Commissariats de Police et les Brigades de Gendarmerie.
A cette fin, j’instruis le Ministre de la Sécurité Publique de me présenter l’ensemble des dispositifs d’accueil mis en place pour permettre un meilleur accueil des victimes avec des horaires dédiés, des lieux dédiés, des personnels spécialement formés, et un lien étroit avec des associations d’aides aux victimes.
Mesdames et Messieurs ;
La répression des criminels ne peut y avoir qu’une tolérance zéro !
Les auteurs d’agressions sexuelles doivent savoir qu’ils seront recherchés, arrêtés, poursuivis et sévèrement sanctionnés.
Je ne parle pas seulement ici des auteurs de viols ou d’atteintes sexuelles graves, mais aussi de tous ceux qui se rendent coupables d’injures et d’agressions à caractère sexuel.
Il est du devoir du Gouvernement, mais aussi des partenaires impliqués, d’envoyer un message de fermeté aux agresseurs et de donner la possibilité aux victimes survivantes de mener un combat judiciaire qui s’avère souvent décisif dans les processus personnels de reconstruction.
Oui ! Nous avons sur le sujet des violences sexuelles un impérieux devoir d’action. C’est pourquoi vous pouvez compter sur moi pour porter, avec vous, ce combat.
En terminant, je voudrais solennellement remercier tous les partenaires qui se sont engagés aux côtés du Gouvernement dans cette lutte pour la dignité de la vie humaine.
Je salue leur dynamisme dans cette lutte. Je veux citer le PNUD, la MINUSCA, le FNUAP, GLOBAL SURVIVIORS FUND et l’ONU FEMMES.
Que vos engagements restent tels qu’ils ont toujours été à l’égard des survivants des Violences Sexuelles basées sur le Genre, Liées aux conflits.
Merci à l’ensemble des intervenants !
Merci de votre attention.
Source : Direction de Communication Présidence