ÉLECTIONS 2025 : L’ANE DRESSE UN PREMIER BILAN DU DEPOT DES CANDIDATURES, LA SOCIETE CIVILE RESTE SCEPTIQUE

L’Autorité Nationale des Élections (ANE) a présenté, ce vendredi 17 octobre, son bilan provisoire de la période de dépôt des candidatures pour les différents scrutins prévus dans le cadre des élections générales de 2025.

Lors d’une conférence de presse tenue à Bangui, son porte-parole, M. Davy Yama, a salué une étape « menée avec rigueur, impartialité et professionnalisme ».

Mais ce bilan, jugé encourageant par l’institution, suscite déjà des critiques au sein de la société civile et de certains partis politiques, qui dénoncent un manque de stratégie de communication et une faible participation féminine.

Un processus respectueux du calendrier électoral

Selon M. Yama, la période de dépôt, ouverte du 2 au 11 octobre, s’est déroulée « conformément aux dispositions du Code électoral et au chronogramme de l’ANE ». Les bureaux de réception ont fonctionné sur l’ensemble du territoire national, soutenus par les structures déconcentrées.

Le porte-parole a salué « le professionnalisme et le sens du devoir » du personnel électoral, parfois confronté à des conditions logistiques et sécuritaires difficiles. « Cette étape s’est tenue dans un esprit d’équité et de transparence, gage de la crédibilité du processus électoral », a-t-il affirmé.

Pour la magistrature suprême, dix candidats ont déposé leurs dossiers dans les délais impartis.

Ces dossiers seront transmis au Conseil constitutionnel, seule institution compétente pour valider les candidatures.

M. Yama a toutefois relevé qu’« aucune femme ne figure parmi les candidats », contrairement au scrutin de 2020 où une femme avait pris part à la compétition sur un total de 22 prétendants.

Une absence qui relance le débat sur la place des femmes en politique et l’efficacité des mesures de promotion du genre.

Concernant les élections législatives, l’ANE a enregistré 717 dossiers de candidature à travers le pays, dont 635 hommes (88,54 %) et 82 femmes (11,45 %). Ce chiffre marque une baisse notable par rapport aux élections de 2020, où 1 572 candidatures avaient été recensées, dont 245 femmes. Pour M. Yama, cette participation « témoigne néanmoins de la vitalité du pluralisme politique et de l’intérêt soutenu des acteurs pour le processus électoral ».

S’agissant des élections régionales, les données provisoires font état de 23 candidatures à Bangui, Bimbo et Bégoua, dont 14 hommes et 9 femmes.

Pour les élections municipales, organisées selon un scrutin de liste, 58 candidatures ont été enregistrées, regroupant 232 hommes et 211 femmes.

Aucune candidature n’a cependant été enregistrée dans les 3ᵉ et 8ᵉ arrondissements de Bangui.

Le processus de centralisation des dossiers venus des provinces se poursuit, avant la publication d’un bilan définitif.

Des critiques sur la communication et la participation féminine

Malgré la satisfaction affichée par l’ANE, plusieurs organisations de la société civile et formations politiques dénoncent un manque de stratégie de communication susceptible d’avoir limité la participation, notamment celle des femmes.

Selon ces acteurs, « l’ANE aurait dû déployer une campagne d’information plus large et plus inclusive » pour encourager les candidatures à tous les niveaux.

Pamela Derom, militante engagée pour la promotion du leadership féminin, estime que « le faible taux de candidatures féminines traduit un manque d’accompagnement et de sensibilisation en amont ». Elle ajoute que « les conditions d’accès au processus électoral restent trop restrictives pour de nombreuses femmes, surtout dans les zones rurales où l’information circule difficilement ».

Certains partis politiques appellent également l’ANE à renforcer sa communication institutionnelle et à « impliquer davantage les acteurs locaux » dans la mobilisation citoyenne.

L’ANE réaffirme son engagement et appelle à la sérénité

M. Davy Yama a tenu à réaffirmer l’engagement de l’Autorité Nationale des Élections à conduire des élections libres, transparentes et apaisées.

« Le bon déroulement de cette phase constitue un signal encourageant pour la suite du processus électoral », a-t-il déclaré.

Le porte-parole a également salué l’appui des partenaires techniques et financiers, des forces de sécurité et des observateurs, tout en appelant les acteurs politiques et les citoyens à maintenir un climat de paix et de responsabilité.

L’ANE a déjà entamé la transmission des dossiers au Conseil constitutionnel pour la présidentielle et aux tribunaux administratifs pour les législatives.

La liste provisoire des candidats devrait être publiée dans les jours à venir, ouvrant ainsi la voie à la phase de validation officielle et à la campagne électorale.

Rédigé par : Marius Trésor Melkisedek YAGUEME, Journaliste correspondant de BLTV

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