NEW-YORK, 20 SEPTEMBRE 2022

  • Monsieur le Président,
  • Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de
    Gouvernement,
  • Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
  • Distingués Chefs de Délégations,
  • Mesdames et Messieurs,
    En prenant la parole au nom de la République Centrafricaine, à
    la 77ème Session Ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations
    Unies, je tiens d’abord à féliciter Monsieur Csaba Kőrösi, pour
    sa brillante élection à la présidence de notre Session.
    Votre parfaite connaissance de la scène internationale, ainsi que
    vos grandes qualités personnelles sont un atout et un gage du
    succès de nos travaux et constituent indiscutablement un motif
    de fierté pour la Hongrie, votre beau pays.
    Je voudrais également saluer l’excellente qualité du travail
    abattu et les résultats obtenus par Monsieur ABDULLA
    SHAHID, au cours de la 76ème Session.
    Je réitère ma gratitude à l’endroit de Monsieur Antonio
    GUTERRES, Secrétaire Général de l’ONU, pour son engagement
    soutenu en faveur de la paix et de la sécurité internationale et
    les appuis constants des Nations Unies en faveur de mon pays.
    Permettez-moi de rendre un vibrant hommage à Sa Majesté
    Elisabeth II, Reine du Royaume Uni et du Commonwealth,
    véritable icône de la paix, qui a su, durant les sept décennies de
    son règne, entretenir d’excellentes relations d’amitié et de
    coopération entre le Royaume Uni et les pays du Commonwealth et l’Afrique, et particulièrement avec la République Centrafricaine.

Monsieur le Président,
La 77ème Session de notre Assemblée, convoquée autour du
thème principal: « Une nouvelle ère: des solutions porteuses
de changement pour relever les défis interdépendants »,
nous offre l’occasion solennelle de nourrir la réflexion sur des défis
partagés qui constituent des motifs sérieux d’inquiétude pour
l’avenir de l’humanité.
Plus que jamais, la question de la sécurité, de la paix, de
l’environnement, de la santé entre dans une phase qui nous est
critique.
Cependant, les signaux d’alerte sont méprisés au profit des
intérêts économiques, géopolitiques et géostratégiques.
Monsieur le Président,
Le rôle des Nations Unies n’est-il pas de transformer le monde,
de le rendre plus juste et plus sûr et de garantir la dignité de
chacun de nous, quel que soit le contexte mondial?
En effet, les nombreux foyers de tensions et de crises dans le
monde interpellent notre conscience collective et nous
renseignent par ailleurs que notre Organisation est le produit
d’une ère révolue.
C’est pourquoi, la République Centrafricaine réitère son soutien
à la position commune de l’Union Africaine qui appelle à la
réforme profonde de l’ONU et à l’élargissement des sièges des
membres du Conseil de Sécurité pour une participation plus juste
et plus représentative de tous les continents.

Monsieur le Président,
La protection de l’environnement, c’est-à-dire de notre cadre
de vie, est l’un des défis interdépendants que nous devons
absolument relever.
Il est temps que les plus grands pollueurs honorent leurs
engagements, notamment la mise en œuvre de l’Accord de Paris
et de la solidarité internationale pour la justice climatique à
l’égard des populations les plus vulnérables.
Monsieur le Président,
Le COVID-19 nous a enseigné que la sécurité sanitaire mondiale
est un impératif pour toutes les nations, sans exclusive.
Mon pays se réjouit du changement de paradigme qui s’opère
dans le secteur de la santé et de l’élan de solidarité sans
précédent qui l’accompagne, notamment l’accès aux vaccins
contre la poliomyélite, le COVID-19 et bientôt le vaccin contre le
paludisme.
C’est donc avec fierté que mon pays a accédé au statut de pays
libre de la poliomyélite et vacciné 50% de la cible nationale
contre le Covid-19.
Je salue et encourage l’initiative de Santé et de Préparation aux
urgences, mise en œuvre par l’Organisation Mondiale de la
Santé.
La République Centrafricaine est fière d’en être l’instigatrice et le
premier pays pilote avec des retombées tangibles sur
l’amélioration de sa capacité à gérer des épidémies.

Monsieur le Président ;
La République Centrafricaine a vu son élan vers le
développement ralenti ces dernières années par de graves crises
sécuritaire et sanitaire, exacerbées par le déficit persistant
d’appuis financiers de la part de la communauté internationale,
entraînant notamment, la perturbation des productions
agricoles, forestières et minières.
Dans sa situation d’État fragile confronté à l’insécurité
alimentaire et à un déficit criard de ressources matérielles et
humaines, la République Centrafricaine continue de consentir
d’énormes sacrifices afin d’améliorer sa gestion macroéconomique et sa gouvernance fiscale.
Ainsi, avec l’appui des partenaires, mon pays a su mettre en
place des réformes ambitieuses permettant de renforcer la
mobilisation des recettes et l’optimisation des dépenses
publiques.
Mon pays attend le rétablissement du programme de Facilité
Elargie de Crédit suspendu par le FMI, afin de soutenir
l’amélioration des ressources domestiques pour faire face à
l’absence des appuis budgétaires des Partenaires Techniques et
Financiers et la digitalisation des menues recettes.
Des pistes de solutions restent à explorer à travers des
mécanismes régionaux et internationaux, dans un esprit
d’interdépendance afin de relever les défis:

  • du développement des infrastructures physiques (transport,
    énergie, eau, éducation, santé, etc.) par la mise en œuvre
    des programmes adaptés et la mobilisation de financement
    à travers le Partenariat Public-Privé ;
  • de l’accès aux marchés des capitaux pour le financement
    des projets de développement dans le cadre du partenariat
    État/Secteur privé ;
  • de développement et de la coordination des politiques
    commerciales et des relations économiques avec les autres
    régions ;
  • de l’appui au système éducatif par la formation des
    formateurs et la création des centres de formation
    professionnelle ;
  • de développement d’une économie résiliente capable de
    résister aux chocs internes et externes à travers la
    diversification de l’économie et l’appropriation des nouvelles
    technologies ;
  • de développement des mécanismes de financement
    innovants destinés à la fois à l’Agriculture et au climat afin
    d’améliorer l’accès au capital financier nécessaire pour
    développer le secteur agro-pastoral ;
  • de promotion des solutions et approches intelligentes face
    aux changements climatiques et adaptées au contexte
    national.
    Monsieur le Président,
    La République Centrafricaine est le premier pays d’Afrique à
    adopter le Bitcoin comme monnaie de référence/paiement
    numérique et le premier au monde à adopter à l’unanimité le
    projet de loi régissant les cryptomonnaies.
    Cette initiative ambitieuse et innovante présente un potentiel
    énorme pour repositionner l’économie, améliorer les perspectives
    et changer le destin des Centrafricains, en cette époque où il faut
    s’ouvrir à de nouveaux horizons et à des solutions qui vont audelà du conventionnel.
    Il est établi, Monsieur le Président, que la République
    Centrafricaine contribue à la recherche des solutions porteuses
    de changement pour relever les défis interdépendants avec plus
    d’engagement et de conviction.
    A cet égard, plusieurs réformes et initiatives courageuses ont été
    entreprises avec l’appui des partenaires internationaux en vue
    de renforcer l’Etat de droit et restaurer l’autorité de l’Etat sur
    toute l’étendue du territoire.
    Par ailleurs, les mesures courageuses prises par le Gouvernement,
    dans le cadre de la lutte contre l’impunité, la mise en œuvre de
    l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février
    2019 et de la Feuille de route conjointe de Luanda ainsi que les
    Recommandations du Dialogue républicain, ont favorisé la
    décrispation du climat sociopolitique national.
    Fidèle à ses engagements internationaux, la République
    Centrafricaine a aboli la Peine de Mort le 1er juin 2022, et
    adopté, le 31 août de la même année, une Loi relative à la lutte
    contre la Traite des Personnes ainsi qu’un Code de la Protection
    de l’Enfant.
    Monsieur le Président,
    C’est avec un intérêt particulier que j’ai noté la condamnation
    ferme par le Conseil de Sécurité dans sa dernière Résolution 2648
    (2022) du 29 juillet 2022, des attaques perpétrées contre les
    paisibles populations civiles par les groupes armés.
    Je note également avec satisfaction la position du Conseil à
    l’encontre des réseaux transnationaux de trafiquants qui
    continuent d’approvisionner les groupes armés en armes de tous
    calibres.
    En me félicitant des avancées significatives qui ont permis de
    lever substantiellement l’embargo sur les armes imposé à nos
    Forces de Défense et de Sécurité, je tiens à transmettre la
    gratitude du peuple centrafricain à tous les pays amis et frères
    qui soutiennent fermement notre demande de levée totale de
    l’embargo.
    Je déplore cependant les manœuvres tendant à légitimer les
    groupes armés et à maintenir insidieusement l’embargo. A qui
    profite le crime ?
    Monsieur le Président ;
    La République Centrafricaine a beaucoup souffert des erreurs
    d’appréciation et des désinformations qui ont malheureusement
    trop duré.
    La jeunesse centrafricaine constitue une réserve d’élites qui
    n’attendent que la paix et la sécurité pour développer leur pays.
    Je tiens à dénoncer les campagnes de désinformation et de
    manipulation tendant à décrédibiliser puis à déstabiliser par la
    force les institutions démocratiques de la République
    Centrafricaine.
    Ces campagnes, menées par certains médias internationaux, sur
    fond de néocolonialisme aux contours flous et menaçants, dont le
    succès tient moins à leur véracité qu’à des ficelles rhétoriques
    éprouvées, sont uniquement motivées par la préservation des
    intérêts géostratégiques et géopolitiques de certains Etats, loin
    des intérêts vitaux du peuple centrafricain.
    La République Centrafricaine réclame de ses partenaires un
    rapport de confiance et de respect mutuel.
    Elle est toujours disposée à coopérer avec tous les pays du
    monde, pourvu que ses intérêts vitaux et sa souveraineté soient
    respectés.
    Je souhaite plein succès à nos travaux.
    Vive la solidarité internationale !
    Je vous remercie.

Source : Présidence de la République

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